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WASHINGTON, le 14 juin 2004 Selon une nouvelle étude de la Banque
mondiale, les réformes donnant lieu à la restructuration ou à la privatisation de
services d'infrastructure d'utilité collective, par exemple dans les secteurs de l'eau,
de l'électricité, des transports et des télécommunications, doivent absolument
s'inscrire dans un cadre réglementaire crédible pour produire des résultats et
contribuer à réduire la pauvreté.
« Il sera crucial de mener à bien la réforme des infrastructures pour pouvoir
atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire adoptés pour la mortalité
infantile et l'autonomisation des femmes » explique François Bourguignon, Économiste
en chef, Premier vice-président de la Banque mondiale et Directeur du département de
l'économie du développement qui a produit ce rapport. « Si l'on a probablement
vanté les avantages qui pourraient découler de la privatisation des infrastructures avec
une "exubérance quelque peu irrationnelle" ces dernières années, il n'en
demeure pas moins que les services d'utilité collective des pays en développement ont
besoin de capitaux privés pour pouvoir poursuivre leurs activités et élargir la portée
de leurs services aux pauvres. »
L'étude intitulée Reforming Infrastructure - Privatization, Regulation and
Competition, diffusée aujourd'hui par la Banque, fait valoir que l'existence d'une «
réglementation efficace » est la principale condition déterminante du succès d'une
réforme des infrastructures et que « Un cadre réglementaire manifestement conçu
pour protéger les intérêts des investisseurs et des clients doit exister pour qu'il
soit possible d'attirer les capitaux privés à long terme nécessaires à l'offre de
services d'infrastructure fiables et adéquats ».
Le rapport note, en particulier, que les organes réglementaires doivent être à
l'abri de toute ingérence politique et que leurs décisions doivent être soumises à
l'examen de l'appareil judiciaire ou à celui d'un organisme non politique. Il insiste sur
le fait que les processus réglementaires doivent stimuler la concurrence, être ouverts
et transparents et établis avant le lancement des opérations de privatisation.
La privatisation n'est guère considérée comme une solution crédible dans beaucoup
de pays en développement, conclut l'étude, entre autres sur la base d'enquêtes menées
en Argentine et au Pérou qui montrent que plus de 80 % des personnes interrogées sont
opposées à ce type d'opération. Le rapport fait toutefois valoir que le rejet de
services privés d'utilité collective ne tient pas à la structure du capital de ces
derniers mais plutôt aux carences des institutions chargées de les réglementer.
Les lacunes réglementaires expliquent la plupart des échecs des réformes des
infrastructures et des opérations de privatisation dans les pays en développement, note
le principal auteur du rapport, Ioannis Kessides, Économiste principal à la
Banque mondiale. « Il est arrivé que des opérations de privatisation aient été
entreprises sans qu'aucune mesure de protection institutionnelle n'ait été prise, et
qu'elles aient été réalisées par des moyens généralement considérés illicites
», note Kessides. « La privatisation n'est pas une panacée, mais préserver
le status quo, c'est-à-dire des services publics inefficaces et source de gaspillage
n'est pas non plus une solution. »
Reforming Infrastructure examine les réformes et les opérations de
privatisation des services d'infrastructures d'utilité collective menées dans de
nombreux pays en développement et en transition, et en tire des leçons dans le but
d'aider les responsables de l'action publique à éviter les écueils. Le rapport couvre
les aspects particuliers des réglementations et des tarifications qui sont importants
pour l'obtention d'un équilibre optimal entre la rentabilité économique et l'offre d'un
service universel.
« Il sera nécessaire de procéder à toute une gamme d'investissements, publics et
privés, dans les infrastructures pour pouvoir atteindre les objectifs de développement
pour le Millénaire » explique Nemat Shafik, Vice-président de la Banque mondiale
pour les infrastructures. « Pour cela, il nous faut manifestement trouver le moyen
d'inverser l'évolution à la baisse récemment observée pour les investissements privés
dans les infrastructures des pays en développement et en transition. Le rapport confirme
que le système de tarification doit fournir des incitations aux investisseurs mais aussi
qu'il reste nécessaire d'accorder des subventions bien conçues et des filets de
protection ciblés pour que les pauvres puissent eux aussi profiter des gains
d'efficacité et avoir accès à des services essentiels. »
Le rapport note que le financement privé des infrastructures a atteint son niveau
maximum (130 milliards de dollars) en 1997 pour tomber à 60 milliards de dollars en 2001,
par suite de chutes boursières dans le monde entier, de crises financières sur les
marchés émergents et des hésitations provoquées par l'opposition du public à la
privatisation. Or, explique-t-il aussi, l'ancienne structure de contrôle étatique n'est
guère une solution pour l'avenir puisque que les services publics d'utilité collective
des pays en développement ont, globalement, enregistré des pertes de l'ordre de
180 milliards de dollars par an au début des années 90 par suite du manque
d'efficacité des services dans le domaine de l'eau, des chemins de fer, des routes et de
l'électricité soit un montant pratiquement égal au volume annuel des
investissements dans ces secteurs.
À ce jour, cependant, si la participation du secteur privé à la fourniture de
services d'infrastructure a permis d'accroître le volume des investissements et
d'élargir la couverture des services, 1,1 milliard de personnes n'ont toujours pas accès
à de l'eau salubre, 2,4 milliards de personnes ne bénéficient pas de services
d'assainissement adéquats et 1,4 milliard de personnes n'ont pas l'électricité. Pour
répondre à ces besoins et atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire,
le rapport de la Banque Global Development Finance 2004 publié en avril explique
que les pays en développement auront besoin de 120 milliards de dollars par an jusqu'en
2010 pour investir dans les infrastructures du secteur de l'électricité et de 49
milliards de dollars par an jusqu'en 2015 pour investir dans le secteur de l'eau et de
l'assainissement.
Le rapportReforming Infrastructure fait ressortir les différences qui
existent entre les secteurs pour ce qui est des possibilités de privatisation. Il fait
valoir que, dans les pays en développement, le secteur des télécommunications est celui
qui se prête le mieux à la poursuite d'opérations de privatisation et de
libéralisation mais que les secteurs de l'électricité et surtout de l'eau posent
davantage de problèmes. Dans le cas de ce dernier secteur, il vaut mieux recourir à des
contrats de concession et des contrats de bail pour pouvoir faire jouer la concurrence
tout en permettant à l'État de surveiller de près la conduite des opérations.
« De nombreux pays pourraient tirer profit de la poursuite d'opérations de
privatisation de services soigneusement conçues à condition qu'ils mènent ces
opérations de manière satisfaisante et ne font pas de promesses qui ne pourront être
tenues » explique Michael Klein, Vice-président du département du développement
du secteur privé de la Banque mondiale et de la SFI et Économiste en chef de la SFI.
« Il faut qu'une structure de contrôle réglementaire existe. Le processus de cession
doit être transparent et l'opération de privatisation doit répondre aux besoins des
pauvres, notamment en élargissant la portée des services. »
Pour assurer le succès de la restructuration de monopoles d'État existant de longue
date, le rapport recommande fondamentalement de « désassocier » leurs composantes,
c'est-à-dire de segmenter le monopole initial en plusieurs entités privées, voire
publiques, opérant dans le même domaine ou la même sphère d'activités pour faire
jouer la concurrence. Les éléments restants du monopole naturel doivent, quant à eux,
être assujettis à de stricts contrôles ou demeurer la propriété de l'État. L'étude
met toutefois en garde contre le fait que cette désassociation « accroît la
complexité de la tâche de réglementation, ce qui pose vraisemblablement problème dans
les contextes caractérisés par une piètre gouvernance comme c'est le cas dans la
plupart des économies en développement et en transition. »
Pour lire Reforming Infrastructure Privatization,
Regulation and Competition, se rendre à l'adresse:
http://econ.worldbank.org/